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  • Photo du rédacteurIsabelle

Transiter? Etre autonome? Produire? Vivre? C'est quoi pour nous?


Zéro déchet, vélo générateur, cave remplie de conserves de notre saison de légumes... y a pas à dire, on est loin du compte. Le secret de la transition? C'est qu'on ne va pas de A à Z sans passer par les autres lettres. Ni sans internet et une bonne bibliothèque.

Transiter et vivre, nos impressions:

Il faut dire que pour beaucoup d'entre-nous, cette image n'était pas loin de la réalité, il n'y a pas si longtemps. Une simple enfance en pleine ville peut avoir raison de notre connaissance sur les origines de nos aliments.

Quelque soit notre lieu de naissance, nous sommes susceptibles de passer complètement à côté du sens des objets que nous utilisons, de la raison d'être de nos actions et du sens de notre présence.


Isabelle


"Eurêka, j'ai grandi dans les Ardennes, entre les forêts, les moutons et les cochons. J'ai mangé de la salade du jardin, le congélateur était plein du cochon ou de la vache du voisin (je n'étais pas encore initiée au questionnement Viande) et les confitures coulaient comme le jus des groseilles cueillies, que nous moulinions dans cet appareil ancestral accroché à la table. Cet extracteur de jus manuel faisait totalement partie de nos habitudes estivales, les sceaux éparpillés à nos pieds dans la cuisine.

Les pommes de terre venaient souvent du champ, le lait tiède du bout du village (de temps en temps), les haricots passaient dans nos doigts avant notre assiette et la ciboulette était coupée à la minute. J'ai fait des cabanes, ramassé des grenouilles, sauté dans les étangs vaseux, fait des jeux de piste, construit des igloos avec mon frère, appris les flics arrières dans l'herbe avec ma sœur (à côté des salades), fait des pâtisseries avec ma maman.


Nous avions cela-dit le chauffage central (et un feu de bois), une machine à laver (dont le linge séchait au dessus des pâquerettes) et toutes ces démarches étaient un mix entre pratique, économie et logique. Point de grand discours écolo, juste une famille simple et efficace, à cheval entre le moderne et le rural."


Mince, je découvre que suis une ignare

"Comment, alors, comment est-ce possible que je n'aie pas appris à cultiver? A produire ma propre nourriture, alors-même que je vivais en plein dedans?"


Nous n'imaginions pas encore, ados insouciants, que la planète était tant amochée. Qu'un jour, nous n'aurions dans nos magasins plus que de la fausse nourriture, Beaucoup Beaucoup d'emballages et qu'il nous faudrait produire, pour ne pas tomber malade. On nous parlait bien à l'école des Tétra Pak, de la pyramide alimentaire (mange ta viande et tes produits laitiers, Hou Yeah), de l'Euro qui arrivait à grand pas, des poissons qui mouraient dans l'océan à cause du bouchon en plastique que nous avions jeté par terre.


Nos parents, eux, pointaient du doigt le gaspillage d'eau, gardaient les sachets de pain pour retourner à la boulangerie du village et nous avions chacun une gourde.


Mais à 16 ans, nous avions d'autres chats à fouetter que de demander comment notre salade avait poussé et d'où venait tout ce qu'il y avait dans ces rayons de supermarché où nous nous rendions 1 fois par mois pour les grosses courses.


Les actes quotidiens de la plupart des familles environnantes concernaient fort peu toute question existentielle: sur les pesticides, sur ces bidoches étalées sous cellophane que les autres achetaient devant nous dans la file, sur le sens de notre journée à l'école, de notre année, de notre vie, de notre raison d'être, de notre existence...


Un vague sentiment de Truman Show

Nos petits doigts nous murmuraient que ça devait être beaucoup plus grand que ça, la membrane de nos vies. Beaucoup plus complexe, beaucoup plus spécifique et plus riche qu'un simple parcours "Naissance - maternelle - primaire - secondaire - supérieur - travail - pension - mort".


Même si chaque chapitre et contenu de vie avait déjà son pesant de complexité.

En plein "Truman Show", nous avons traversé ces années (non sans les occuper passionnément) avec la certitude que nous n'avions en main qu'une toute petite partie des cartes du jeu.


Vivre auprès d'êtres extraordinaires sans le savoir

Bien qu'en classe nos joues étaient adeptes du banc d'école (littéralement, la marque y est encore) et que nos paupières auraient eu besoin d'un treuil pour passer la journée vaguement intéressante, nous avons vogué hors de l'école d'une activité à l'autre avec curiosité et avidité: des instants magiques dont nous ignorions qu'ils étaient en train de structurer le chemin d'une vie entière.


Isabelle:


"Mes yeux se sont émerveillés dans le garage d'un vieux monsieur qui construisait des jouets en bois, des lits de poupées splendides, à la finition si charmante.


Mes petits mains se sont affairées dans la pâte à bois de cette dame rocambolesque qui fabriquait des marionnettes, tandis que ses yeux bienveillants derrière ses lunettes passaient au dessus de mon épaule et que balançaient au dessus de nos têtes tous ses petits personnages atypiques.


Mes bras se sont doucement tordus autour de la terre qui prenait forme sur la table d'Alain, homme aux joues rebondies et joyeuses qui encourageait chaque enfant à s'apprécier au travers de sa réalisation.


Mes bottes ont pataugé dans la boue des rivières, éclaboussées par celles des autres enfants, alors que notre moniteur nous expliquait ce que nous attrapions dans nos éprouvettes et à quel point nous allions halluciner de les voir sous microscope."


Vivre, c'est donc ça, tout "simplement"...

Il nous aura fallu quasi 20 ans pour retrouver le chemin de ces sentiments de bonheur. Pour comprendre que nous avions débuté par la bonne route, pour s'en éloigner sans cesse des années durant. Qu'il nous fallait simplement pouvoir échanger, se réaliser, se sentir important, évoluer, s'exprimer, rencontrer des gens passionnés, s'en inspirer, ressentir la liberté en nature, la liberté d'être, de poser des questions, la liberté de ne pas avoir toutes les réponses, de découvrir un petit peu plus chaque jour. Et enfin... transmettre.


L'éloignement de notre vraie nature et raison d'être est à peu près le même pour nous tous... Désillusion du contenu scolaire, abrutissement de 300 jours par an x 15 années sur ces bancs, mauvaises rencontres ou mauvaise (ou dévastatrice) éducation pour certains, endoctrinements divers (télévision, média, journal-parler, parents déphasés, éducateurs, société, effet de groupe, masse, culpabilité à se différencier, à vouloir faire éclore sa singularité...). Il y en a, des facteurs pour nous endormir, nous enfoncer, nous embrumer.


Parfois nous avons même l'impression d'être tout à fait réveillé, dans ce magma embrumé: certes, la télévision est un sacré compagnon d'insomnie. La championne pour t'écarquiller les yeux mécaniquement.

Le monde du travail

Non mais sérieusement: les mots "travail" et "devoir" à l'école devraient totalement disparaître. A s'enfoncer ce genre de vocabulaire dans le gosier, pas étonnant qu'on dépérit, à l'idée du Lundi, qu'on ait 14 ans ou 44 ans. (Tant qu'à faire, abolissons le bic rouge correcteur en classe, pour le remplacer par un bic vert qui soulignerait ce qui est juste.)

Au travers de nos premières activités en tant qu'employé, nous avons respectivement très vite saisi que la hiérarchie et la prise de pouvoir déloyale et oppressante faisaient loi.


Pouvoir sur notre existence sectionné, droit à la parole dicté au préalable, manipulation en tout genre, suçage de flux de vie à la source, exploitation, maintien de la pression par la peur.


Et le plus absurde dans ce schéma, c'est que nombre de managers sont eux-même soumis à ce schéma sans en être heureux et sans trouver l'issue pour s'épanouir en tant que leader. Car au départ, il faut avouer hormis les corbeaux et vautours potentiels sur notre route, la plupart ont un premier désir de collaboration porteuse avec leur équipe.


Embarqué dans le tiraillement entre son équipe et les vautours qui lui sont supérieurs, le leader devient une sous-M**** à défaut de pouvoir choisir de baisser les bras en sortant du jeu. Ce que feront certains, rendus k.o., devenus livides et gris de peau (de manque de sommeil, de sentiment de contradiction, de recherche de solution, de sentiment d'impuissance...)


Nous avons alors fui à toutes jambes, pour sauver nos peaux et nos esprits: il est clair que nous avions du courage, des compétences, d'autres à développer, mais que nous avions envie de le faire dans un contexte florissant. Si nous étions capables de ne pas compter nos heures dans certains cas, ce serait pour notre développement, au service de causes qui avaient du sens pour nous.


Mais tout, tout, tout était à construire... et d'abord à décortiquer.


Un jour elle eût un enfant et un jour il eût une révélation

"Bilan à 24 ans: enceinte, 4 ans dans une grosse boîte en tant que Visual merchandiser dans plusieurs villes, une démission, des études de décoration & design dans la foulée, une formation en gestion en poche et un atelier ouvert.


Ce qui se cache derrière cette ouverture d'atelier: je veux pouvoir ouvrir mon garage comme l'ébéniste aux jouets ou la marionnettiste et y inviter les passants. J'ai les joues roses, le tablier est prêt.


La réalité: j'ai conscience qu'existent la t.v.a, les impôts, les factures, le marketing, la réputation, mais je les vis douloureusement, comme un étau qui me fait parfois chavirer dans de mauvais choix pour survivre. J'ai donc quitté un job "sérieux" pour crever la dalle et vivre en plein stress? Il va me falloir aborder les choses d'un autre point de vue. Heureusement, 8 ans après, ça va mieux.


Les bonus: je rencontre, d'instant en instant, une foulée de gens incroyables: des gens dans le même chemin, les même valeurs, les mêmes recherches: d'autres déjà plus loin, qui partagent avec moi leur parcours avec beaucoup d'humilité. Ils et elles deviendront une inspiration pour moi, pour me relever quand je doute, pour intégrer les facteurs réels dans mon projet de vie. Ma porte est donc bien ouverte comme prévu et comme souhaité, le monde vient à ma rencontre, pour échanger avec l'humain que je suis.


L'élément déclencheur supplémentaire

Une progéniture, ça ramène à l'essentiel: à trouver l'énergie de se dépasser, pour poursuivre sur ce chemin vrai, authentique, celui qui permet de se sentir vivant, de lui apporter chaque jour un petit paquet de ce que l'existence apprend.


Je cherche des réponses à toutes les questions existentielles qui me taraudent depuis tant d'années, des réponses à tous les nœuds et contradictions rencontrées dans la société, des réponses à tout ce qu'on m'a caché ou qu'on a pas trouvé le temps de m'expliquer. Je deviens un Hippo-glouton (le jeu, tu vois?) de livres, de témoignages de gens que je croise: je pose des questions à tout le monde: "Comment? Qui es-tu? Pourquoi?"


Et je construis le puzzle de la maman que je deviens, avec ses propres valeurs et ses outils, testés un à un dans ce laboratoire d'expérience qu'est la maternité.

Si tu regardes le monde avec les yeux neufs d'un enfant, tout devient un non-sens mais aussi une possibilité de ré-inventer.


Réfléchir à ce que nous mangeons, ce que nous respirons, ce que je dois lui raconter, lui expliquer, être étonnée chaque jour:


Questions d'un enfant qui ne laissent pas d'issue et qui poussent à transiter:

  • "pourquoi on vit

  • où on va

  • comment on y va

  • qui a décidé qu'on y va

  • pourquoi les cheveux sont de couleurs différentes

  • pourquoi on peut pas emporter son doudou quand on meurt

  • pourquoi y a école tous les jours

  • pourquoi on peut pas dire des idées d'exercices à l'école

  • pourquoi dans la cour des grands y a plus de cabanes que chez les petits

  • pourquoi les parents courent

  • pourquoi ils font la file "guirlande" sur les routes

  • pourquoi on a pas le temps de jouer ensemble quand il est 21h et qu'on se lève à 6h

  • pourquoi l'argent sort de ta carte

  • pourquoi il faut de l'argent

  • pourquoi le poulet il saigne dans la barquette du rayon

  • pourquoi on mange le poulet et pas le chien

  • qui a décidé qu'on mangeait des animaux..."

Aborder des sujets que moi-même parfois je n'ai jamais abordés.

Je me mets en quête de rendre notre quotidien le plus sensé et explicite possible, le plus sain, le plus ouvert et enrichissant que je peux, le plus... imprévu aussi. Lui apporter comme à moi une boîte à outils dans laquelle piocher, qu'elle pourra alimenter à son tour."


Fabian


Pendant ce temps, Fabian parcourt le monde à la recherche de ce même sens: il découvre des bribes de réponses au travers de ces rencontres et voyages, où la permaculture n'est pas un Beau Mot à la mode comme chez nous mais un vrai acte de vie: c'est intégré, vécu, pratiqué avant même d'être raconté.

Des expériences profondément révélatrices et des lieux sacrés lui ouvrent tous les paramètres crâniens et lui exposent comme une évidence que la vie est autre, autre que ce qui lui a été présenté durant sa vie entière. La clarté de sa route est évidente... Lui reste "seulement" à tout apprendre. De nombreux apprentissages et formations en poche, il fait naître avec ses collaborateurs la coopérative: "Les petits mondes"

Il choisit de fonctionner avec l'Holacracy (système d'organisation pour améliorer sa technologie managériale) dans la coopérative, afin de permettre un envol prometteur aux "Petits mondes".

Avec cet outil, il souhaite apporter un sentiment de valeur aux humains qui y collaborent, leur rendre leur responsabilité dans leur rôle, les rendre autonomes, rendre la coopérative agile, rapide, fluide, transparente: "travailler" devient alors une sorte de jeu dont les règles et raisons d'être sont établies consciemment par l'ensemble, dont les "passes" sont lisibles, nettes, plus amusantes et plus fructifiantes. Les dysfonctionnements à l'origine des conflits entre l'humain et l'entreprise peuvent alors être mutés en un désir et un plaisir d'apporter sa pierre à l'édifice, avec toute la spécificité et la singularité que chaque membre de l'équipe représente.


Ce que ne permettent pas, nous en conviendrons, les systèmes de gestion connus des grandes entreprises.


Voilà alors une aventure passionnante possible... Bien que loin d'être simple.



La route est jalonnée tant de beauté que d'épreuves: se dépasser toujours, se confronter à ses propres contradictions. Puis trouver un équilibre entre valeurs, principes et obligations, loi, désirs et liberté, être sauvage et ancré, aligné et ouvert, ferme et souple, pierre et roseau: un entrepreneur des temps modernes à l'âme amérindienne. Un Tom Sawyer qui grimpe aux arbres, mais avec son oreillette Bluetooth. Une chouette qui observe durant des semaines la nature bouger lentement autour de lui, captant ses moindres flux, pour descendre dans la terre comme un renard et en ressortir un plan de design très actuel.


Au fond, c'est ce que nous souhaitons tous être, nous les humains: des êtres primaires mais évolués, sensibles et actifs, réceptifs et flexibles, individuels et collectifs. Nous sommes sur une planche en équilibre sur un tonneau qui ne nous appartient pas. Mais il nous est possible de choisir où placer nos pieds sur la planche...

Un puzzle à découvrir et à construire tous les jours

Petit à petit, nous prenons le temps d'appliquer à notre quotidien ce que nous découvrons et tout ce que nous avons appris: construire une aventure progressive et enrichissante, qui laisse une trace plus constructive par son empreinte, qui se nourrit chaque minute pour en nourrir d'autres comme d'autres nous ont nourris.


Nous n'avons pas trouvé réponse à toutes nos questions, certaines resteront insolubles: mais comme dirait Fabian, chaque journée apporte son lot de trésors et de sens: chaque porte ouverte fait émerger quelque chose d'inconnu et de beau.


Nous ne sommes pas libérés de tout, mais nous sommes libres de choisir où aller, avec qui, comment, et surtout: Pourquoi.


Transiter vers quoi?

A parcourir ce chemin, nous réalisons que ce grand mot contemporain, "transition", est en fait la route que nous avons empruntée étant enfant: se découvrir, parcourir l'univers qui est autour de nous, entrer en contact avec les autres, être autonome petit à petit, transmettre et recevoir, avoir le temps de contempler.


Vu la déviation engagée par chacun de nous dans ce monde "moderne" durant notre première partie de vie (avant d'entamer notre formation vers une autre dimension) nous nous sommes découverts dépourvus de toute capacité à produire notre nourriture, notre énergie, à reconnaître ce qui est bon pour notre organisme ou non, à nous orienter dans la vie comme dans la nature, que nous n'avions plus le temps d'observer.

(Panique à Boooooooooord !)


Alors comme à l'école pour nos premières phrases manuscrites, nous avons tout repris à zéro, avec un nouveau regard. Tout n'est pas abordable en une fois: nous avons commencé par la lettre A, différente pour lui que moi, mais compatible et complémentaire.


Nous avons commencé par mettre en pratique pour nous individuellement, puis pour les autres, ce que nous savons faire de mieux.


(Lui: le design de permaculture, Moi: les techniques humaine, d'intérieur et les petits gestes du quotidien).


(ôôô victoire des premiers mois à cuisiner plus sainement qu'acheter tout fait... Ben oui, lorsqu'on est pas chef-cuistot ni nutritionniste, il faut dire que c'est déjà une grande victoire de cuisiner sain à la maison - cf le livre Green - et victoire des toutes premières plantations avant les potagers. Mince, on sait faire pousser une fleur, c'est déjà un début.)

Puis ensuite, développer les autres domaines et poser des petits actes: produire notre peinture, notre nourriture, nos savons, observer notre empreinte à plusieurs niveaux.

Nous voilà à le mettre en commun, désormais, dans cet espace que vous découvrirez progressivement.


Simplement partager avec vous les techniques utilisées, les progressions, les découvertes, des résutltats, des essais, des brainstormings, des aboutissements, des questionnements, des projets.


Donc transiter vers... ce que l'humain fait depuis des siècles avant nous...^^. Une fois l'absurdité de la situation dépassée, on peut relever ses manches et commencer.


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